Bête de Noth

Texte de Thibaut SOLANO.

Noth est une petite commune rurale du département de la Creuse située sur les premiers contreforts ouest du massif central et fait partie du Canton de La Souterraine. Tapie dans la brume, la démarche d'un félin, des cadavres d'animaux déchiquetés sur son passage...
La Bête de Noth a fait paniquer la région en 1982.

Novembre 1982, le jour se lève sur Noth, 450 âmes. Marcel, cultivateur, pose le pied dans son champ pour les premières tâches matinales... lorsqu'il aperçoit, dans la brume, une forme couchée sur l'herbe. On dirait un veau. L'animal sent sa présence, hume l'air puis se lève. Marcel se pince : ce n'est pas un bovin. L'arrière est maigre mais le cou semble celui d'un taureau. Et cette démarche... C'est celle d'un félin ! Apeuré, l'agriculteur regagne son domicile en courant. S'il raconte ça au village, on le prendra pour un fou... Le lendemain, à quelques centaines de mètres de là, au château de La Fot. L'employé de maison vient chercher la voiture de son patron dans le garage. Tandis qu'il s'approche du véhicule, un grognement résonne dans l'obscurité. Effrayé, l'homme file trouver une lampe électrique et un fusil. Mais lorsqu'il retourne dans le garage, il n'y a plus rien. A l'extérieur en revanche, l'étrange visiteur a laissé l'empreinte de sa patte : dix centimètres de long, douze de large. Costaud. Dans les jours suivants, la Bête laissera d'autres traces : des cadavres de brebis, d'un taurillon, d"une génisse... Massacrés, déchiquetés.

" Mort de trouille "
Le maire de Noth, André Lalande, propose alors de lancer une battue. Une trentaine d'habitants se lance à l'assaut de la forêt. Mais la météo joue contre eux. La tempête se lève, le vent coupe les lignes électriques, des trombes d'eaux emportent des voitures. Plusieurs chasseurs rebroussent chemin.
Pas Rémy L. Pour honorer sa réputation d'as de la gâchette, il brave les éléments déchaînés, s'enfonce dans la boue quand soudain... La Bête surgit à cinq mètres de lui. Il braque son fusil. Mais il tremble de tous ses membres. Jamais il ne s'est trouvé face à un animal de ce genre. Il tire... dans les choux. Et file sans demander son reste, « mort de trouille ». Il restera choqué pendant deux jours. Incapable de mettre un nom sur cette créature. Qui disparaît. Pour réapparaître à 40 km de là, en Haute-Vienne, vers Chateauponsac. Dans le secteur, des témoins évoquent un animal beaucoup plus gros qu'un chien, la queue longue, le pelage Terre de Sienne. Les victimes augmentent, la psychose s'étend. On croit voir le félin partout. Dans les écoles, les enfants prennent peur, les instituteurs les rassurent comme ils peuvent.

Rumeur accusatrice.
Un félin ? Le maire de Noth confie les empreintes relevées au Dr Klein, vétérinaire parisien qui est formel : « Ce sont celles d'un lion ou d'un puma ». Que vient faire cet animal au beau milieu de la Creuse ? Certains ont leur idée. Puisqu'aucun cirque n'a signalé de disparition, il y a forcément un homme derrière. Quelqu'un qui reviendrait d'Afrique. Quelqu'un qui aurait les moyens. Et les regards se tournent alors vers un noble de Noth, le Marquis de V. La rumeur devient accusatrice. « Il y a eu un incident, murmure-t-on au village. Il a perdu son lion et il n'arrive plus à mettre le grappin dessus ». Rumeur d'autant plus forte que le Marquis reste fantomatique, jamais là, toujours ailleurs, en Moselle. Les murmures ont réponse à tout. Lorsque des zoologues affirment que l'appétit de la bête est anormalement léger pour un félin, on argumente : « C'est parce qu'une main humaine le nourrit ». D'ailleurs, lors d'une nouvelle battue vers Chateauponsac, le 11 décembre, deux témoins confient qu'ils ont entrevu la Bête dans la forêt... à côté d'un homme ! Délire ?

Pendant un an, on pense voir le félin de temps en temps. Jusqu'à ce que la rumeur meurt. Aujourd'hui, au village, on ne se dédit pas : « Oh, j'vois bien que vous doutez... Mais moi, j'vous le dis. Y avait une bête ! Ceux qui l'ont vue disaient qu'elle avait un regard bizarre. Un qu'on n'oublie pas ».

Source: http://www.lepopulaire.f

Intéressant comme histoire =)
Merci LombriX !!

Mikerynos pourra peut-être nous en parler un peu, je l'ai pompé sur son forum

Une bête du Gévaudan format félin ?
Intéressant comme histoire ! Je n'avais jamais entendu d'histoires de bêtes tueuses félines !

Je sais que Michel Meurger et J. L Brochus ont entrepris une enquête sur le terrain et que les résultats ont été publiés en 1984... Lors de cette enquête à Noth, en 1982, un informateur leurs confia très assuré que des Lynx ont été introduits sur le plateau des Millevaches pour éviter le développement des épidémies par les chevreuils... La "Bête" était censée avoir pris ses quartiers (granges et greniers) à Auzillac, un village moribond. L'affaire n'a jamais été élucidée comme l'indique la page de wikipedia...

90 bêtes sont mortes en Haute-Vienne depuis septembre. Leur prédateur reste insaisissable. En 1982, le Limousin subissait déjà les attaques d'une mystérieuse bête...

Depuis le 8 septembre, 90 bêtes appartenant à quatre éleveurs différents ont été tuées dans le secteur d'Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne). Avec l'exécution d'un labrador suspecté d'être l'auteur de cette série d'attaques, la semaine dernière, on pensait l'histoire définitivement enterrée. Mais les ravages continuent. Et le prédateur court toujours.

Le précédent de Noth
Ce n'est pas la première fois que la Haute-Vienne subit les attaques d'un animal insaisissable. Déjà en 1982, plusieurs brebis et génisses avaient péri sous les crocs d'un prédateur du côté de Châteauponsac (Haute-Vienne). Les massacres avaient débuté en Creuse du côté de Noth, ce qui valut le surnom de "bête de Noth" à l'animal. On n'a jamais vraiment su la nature du prédateur qui, officiellement, n'a jamais été retrouvé. Certains témoins avaient cependant aperçu un animal "beaucoup plus gros qu'un chien, la queue longue, le pelage terre de Sienne". A tel point qu'on n'avait parlé d'un lion ! La bête qui sévit actuellement à Oradour semble être un chien. Mais ses dégâts sont aussi importants !
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Source: Article de la Montagne du 8 Octobre 2010

Mikerynos a écrit:

Je sais que Michel Meurger et J. L Brochus ont entrepris une enquête sur le terrain et que les résultats ont été publiés en 1984...

Jean-Louis Brodu

Exacte, malheureuse faute de frappe...
Il est d'ailleurs co-auteur de ce livre introuvable "Les Félins-Mystère: Sur les Traces d'un Mythe Moderne.
"

Mikerynos a écrit:

Exacte, malheureuse faute de frappe...
Il est d'ailleurs co-auteur de ce livre introuvable "Les Félins-Mystère: Sur les Traces d'un Mythe Moderne.
"

Un peu plus facilement trouvable : Rumeurs et légendes contemporaines, n° 52 de la revue Communication, 1990, 2-02-012611-7, 385 p., qui contient entre autres : Les félins exotiques dans le légendaire français de Michel Meurger

Les félins exotiques dans le légendaire français est dispo sur Persée ou Gallica...
Bref, tous cela c'est du "pipo", un peu comme la théorie de Véronique Campion-Vincent, dire que ces apparitions relèvent toutes de la rumeur et de la légende, c'est limite zététique... Sociologie quand tu nous tient...

Mon avis personnel et non scientifique sur ces bête telle que celle Noth ou du Gevaudan est qu'il s'agit soit de grand fauve importé et domestiqué soit d'hybridation.
Encore une fois rien de scientifique, mais juste un avis personnel...une intuition.

Intéressante histoire. Merci pour le partage.

Meurger est connu pour ne voir dans la cryptozoologie que des phénomènes folkloriques, sociologiques, gommant les aspects zoologiques des dossiers. Certes, l'aspect humain est important dans l'observation d'un phénomène, mais il n'est pas l'entièreté de la réponse.

merci beaucoup pour vos commentaires, la Creuse eut un précédent au 17e, 18e siècle avec une bête qui semblait elle aussi féline.