Récemment décrits, des organismes marins en forme de champignon retrouvés au large de l’Australie intriguent les chercheurs. Ils s’avèrent ne pouvoir être associés à aucune catégorie d’animaux actuellement référencés.
Voici une découverte qui risque de mettre à dure épreuve les systèmes actuels de classification. Véritable casse tête, cet animal en forme de champignon a été retrouvé en 1986 dans les profondeurs de la mer de Tasman, située entre la Nouvelle-Zélande et l’Australie.
Plusieurs spécimens ont été conservés durant toutes ces années dans un mélange de formol et d'éthanol. Près de vingt ans plus tard, après une analyse complète de ceux-ci, les chercheurs du Muséum d'histoire naturelle du Danemark, ont dû se rendre à l’évidence : l’espèce ne peut être associée à aucune catégorie d’animaux référencés.
"Nous avons fondamentalement découvert un animal que nous ne pouvons pas placer dans le système de classification des animaux avec lequel la science opère couramment" a expliqué Jean Just, auteur principal de l’étude. Avec ses collègues, le scientifique s’est attelé à la description du spécimen.
Un organisme énigmatique Ses conclusions, publiées dans la revue PLoS ONE, font part d’un animal de quelques centimètres de haut, pour un peu plus d'un centimètre de large. L’organisme multicellulaire présente une bouche conduisant à un canal digestif puis à un disque. Son estomac interne est séparé des cellules de la peau extérieure par une épaisse couche de matière gélatineuse. En réalité, tous les spécimens recueillis entre 400 et 1000 mètres de profondeurs au sud-est de l’Australie ne sont pas identiques. Les chercheurs ont en effet distingué deux nouvelles espèces qu’ils ont regroupées sous un tout nouveau genre baptisé Dendrogramma et une toute nouvelle famille : les Dendrogrammatidae. Au sein de ces sous-embranchements, on retrouve donc désormais Dendrogramma enigmatica et Dendrogramma discoides.
Ni cnidaire, ni cténophore Initialement, les scientifiques ont pensé relier les Dendrogrammatidae à l’embranchement des cnidaires (regroupant notamment les méduses) ou à celui des cténophores (dans lequel on retrouve la groseille de Mer et la ceinture de Vénus). Toutefois, les spécimens nouvellement découverts ne présentent pas les caractéristiques typiques de ces deux groupes. Étrangement, ceux-ci partagent davantage de liens avec des formes de vie aujourd’hui éteintes, ayant vécu il y a 600 millions d’années, lors de la période pré-cambrienne. Les scientifiques ont en effet découvert des caractéristiques intéressantes les rapprochant de la faune d’Ediacara constituée d'organismes multicellulaire mystérieux en forme de feuille ou de tube. Toutefois, la comparaison présente également des différences importantes.
Des analyses ADN impossibles Pour en savoir davantage sur leurs liens de parentés, des analyses moléculaire s’imposent. Malheureusement, la longue période passée au contact du formol a complètement détruit les acides nucléiques et donc l’ADN des spécimens prélevés en 1986. Hors depuis ce temps, aucun autre spécimen de ce genre n’a été observé. Pour remédier à ce problème, les scientifiques espèrent pouvoir mener à bien une nouvelle campagne de prélèvements afin de disposer du matériel génétique nécessaire pour répondre à leur question. Néanmoins, l’expédition risque d’être compliquée en raison de la profondeur où ont été retrouvés les Dendrogrammatidae qui risquent donc de garder leurs secrets encore quelques temps.
Source: Gentside Découverte